Le petit enfant Amour Cueillait des fleurs à l’entour D’une ruche, où les avettes Font leurs petites logettes.
Comme il les allait cueillant, Une avette sommeillant Dans le fond d’une fleurette Lui piqua la main douillette.
Sitôt que piqué se vit, « Ah, je suis perdu ! » ce dit, Et, s’en courant vers sa mère, Lui montra sa plaie amère ;
« Ma mère, voyez ma main, Ce disait Amour, tout plein De pleurs, voyez quelle enflure M’a fait une égratignure ! »
Alors Vénus se sourit Et en le baisant le prit, Puis sa main lui a soufflée Pour guérir sa plaie enflée.
« Qui t’a, dis-moi, faux garçon, Blessé de telle façon ? Sont-ce mes Grâces riantes, De leurs aiguilles poignantes ?
–Nenni, c’est un serpenteau, Qui vole au printemps nouveau Avecques deux ailerettes Ça et là sur les fleurettes.
-Ah ! vraiment je le connois, Dit Vénus ; les villageois De la montagne d’Hymette Le surnomment Mélissette.
Si doncques un animal Si petit fait tant de mal, Quand son alène époinçonne La main de quelque personne,
Combien fais-tu de douleur, Au prix de lui, dans le coeur De celui en qui tu jettes Tes amoureuses sagettes ? »